Les intervales 10/10
Ils sont rares. Ils ne se produisent pas à tous les jours, et ils ne sont pas censés faire partie de l'entraînement quotidienne de toute façon. Si vous essayez d'en faire trop souvent - vous vous mettrez dans le trouble. Sur l'échelle de la perception de l'effort (l'échelle de Borg), ce sont les intervalles qui sont de véritables 10 / 10.
Je ne suis pas un fan de cette échelle, elle est trop subjective. Comment faire pour différencier entre un effort de 6, 7 et 8 ? Pire encore, qu'est-ce qu'on se ressens quand on est rendu au niveau 3 de l'échelle?! Essayez de trouver de ces valeurs publiées dans la publication scientifique Nature. Bonne chance.
Au moins, je peux affirmer que je crois savoir reconnaître un 9/10: C'est quand on essaie de faire un effort maximum, mais le corps n'arrive que presque pas à s'y rendre. Les jours magiques lorsque le corps arrive à franchir une barrière quasi-magique ... on frappe le 10. J'en ai réussi un solide cette semaine.
Pendant l'intervalle, tant que je n'y pense pas trop, je peux garder ma douleur confuse. Ça veut dire qu'on ne ressens pas un douleur vraiment, ca ne fait pas complètement du bien non plus, on dirait presque qu'il y a une sensation d'engourdissement, mais pas tout à fait ... Comme je l'ai dit - la douleur est confuse!
Il est préférable que la douleur soit mêlée de cette façon, car y penser ou la trop reconnaître peut faire une distraction désastreuse. Arriver au 10 est presque impossible si on est distrait.
Vous pouvez être certain que vous avez touché le 10 une fois que vous avez terminé. Le corps est tout aussi confus que la douleur l'était. Il n'est pas sûr s'il doit respirer, ou retenir son souffle afin d'éviter de s'étouffer sur sa bave, ou la langue... Il ne sait trop s'il doit (peut!) dépenser ses énergies pour supporter les bras qui empêchent la torse de s'effondrer sur le guidon, ou sur les jambes pour vous empêcher de basculer par terre, sur les yeux qui sont probablement en train de se tromper sur les couleurs qu'ils voient, ou sur tout ce qui est en train d'empêcher la vessie de se vider de ses contenus... Parfois, il y a un drôle de goût laissé dans la bouche qui disparaît après quelques respirations dures aussi.
Le corps n'accepte pas de manière nonchalamment de se rendre à un tel point. Il s'agit de lutter contre ses mécanismes naturels pour frapper le 10. C'est quasiment un art, un art difficile à comprendre, de décrire, et maîtriser.
Mais quand le jour est le bon, et le corps est prêt à s'y rendre, ce qui arrive est tellement, tellement satisfaisant. Les 10s sont là où les barrières sont brisées.